Cette série consacrée à l’Auberge de la Croix Blanche et au projet qui se dessine autour d’elle nous emmène dans cette 2e newsletter au cœur de l’auberge et de son histoire : son bâti, son évolution et le village qui l’abrite. Une belle exploration pour mieux comprendre ce lieu emblématique de Châteauneuf, plus petite commune de Saône-et-Loire.
Patrice Besse© Auberge de la croix Blanche
Temps de lecture : 7 minutes
L’Auberge de la Croix Blanche : un patrimoine en mutation
Depuis des siècles, l’Auberge de la Croix Blanche se dresse fièrement à Châteauneuf, témoin du passage du temps et des évolutions de la société. Aujourd’hui, elle s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire, porté par un projet collectif ambitieux. Avant de plonger dans cette renaissance, remontons le fil du temps pour comprendre ce que ce lieu raconte et ce qu’il pourrait devenir.
Une auberge ancrée dans l’histoire
Construite au XVIIe siècle et remaniée au XVIIIe siècle, l’Auberge de la Croix Blanche est bien plus qu’un simple bâtiment : elle est un point de repère historique pour la commune de Châteauneuf et ses environs.
Idéalement située à proximité du pont qui passe sur le Sornin, en montant vers Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, elle a longtemps été un relais de poste (ou relais de diligence), accueillant voyageurs et marchands sur leur route.
Non loin de là, plusieurs autres éléments du patrimoine local témoignent du passé prestigieux de la région :
🔹 L’église et le château, inscrits aux Monuments Historiques
🔹 Le pont de pierre, datant d’avant 1700, maintes fois reconstruit après des inondations
🔹 La croix, qui marquait autrefois l’entrée du village devant l’auberge
L’histoire de l’auberge est aussi une histoire de transmissions : au fil des siècles, elle passe entre les mains de plusieurs familles, chacune laissant son empreinte sur le lieu.
Des familles d’aubergistes aux antiquaires passionnés
🔸 Les propriétaires du XIXe siècle
Au début du XIXe siècle, l’auberge appartient à Jean Auclerc, domicilié à Châteauneuf entre 1830 et 1858, puis à Pierre Auclerc, aubergiste reconnu du bourg.
À partir de 1870, le relais de poste est acheté par Claude-Théodore Ducarre, puis c’est Claudius Beluze qui en prend possession en 1873. Né à Châteauneuf en 1852, il restera propriétaire du lieu jusque vers 1930.
🔸 Le renouveau du XXe siècle
Longtemps laissée à l’abandon, l’auberge est rachetée dans les années 1970 grâce à Mme de Beaumont, présidente de l’Association des Vieilles Maisons Françaises en Saône-et-Loire. Elle incite M. de Boissieu à l’acquérir, et son fils, Mme de Blois, mène une restauration complète du bâtiment.
En 1979, l’auberge, entièrement rénovée, est inaugurée en grande pompe. Elle devient un lieu de réceptions, de séminaires et de dîners privés, contribuant ainsi à redynamiser le village.
🔸 Un village d’antiquaires et un musée unique
Dans les années 1980, Alain Mathus, antiquaire passionné, installe son premier magasin, Le Dénichoir, avec son ami Philippe Jarrige. Il attire une clientèle venue de toute la France et même de l’étranger. Progressivement, Châteauneuf devient un Village d’antiquaires, officiellement reconnu en 2001.
En 2009, il décide d’ouvrir un musée dans l’auberge : Le Musée du Temps Retrouvé, dédié à la vie traditionnelle du Brionnais. Sur dix pièces, il reconstitue des scènes de la vie quotidienne du passé.
Parmi les événements marquants, on retient notamment la reconstitution d’un mariage traditionnel brionnais de 1850, qui a laissé une empreinte forte dans la mémoire locale.
Malheureusement, à la disparition d’Alain Mathus en 2014, l’auberge connaît un coup d’arrêt. Le bail n’est pas renouvelé et le musée ferme définitivement ses portes en 2015.
Temps de lecture : 7 minutes
Châteauneuf, en Bourgogne-Franche-Comté : minuscule sur la carte, immense par son histoire
Avec seulement 1,34 km², c’est la plus petite commune de Saône-et-Loire, mais aussi l’un de ces villages qui rappellent que l’histoire et l’avenir des territoires ruraux se jouent parfois dans les endroits les plus discrets.
Petite par la taille, mais grande par son caractère, Châteauneuf se dessine entre rivières, ponts centenaires et vestiges d’un riche passé féodal. Son histoire, son mode de vie et sa démographie en font une parfaite illustration des défis et des opportunités de ces micro-territoires en mutation.
Cartographie
Châteauneuf se situe dans le Brionnais, une région vallonnée, riche en patrimoine roman et en traditions rurales. La commune est traversée par le Sornin, un affluent de la Loire qui dessine les paysages et façonne l’histoire locale.
🌱 Territoire rural par excellence
Châteauneuf est classée commune rurale à habitat dispersé, hors unité urbaine et hors influence directe d’une ville. Autrement dit : un cadre naturel préservé, mais un fort enjeu de dynamisation et d’attractivité pour éviter la désertification.
👥 Une population en baisse
En 2022, Châteauneuf comptait 89 habitants, soit une baisse de 19 % en six ans.
En 2013, il y avait encore 115 habitants, dont 44 de moins de 30 ans, 46 entre 30 et 60 ans, et 25 de plus de 60 ans.
57 personnes actives, soit un équilibre entre hommes et femmes (32 hommes, 25 femmes).
🏡 Un habitat marqué par un mode de vie rural
78 logements au total, dont 53 résidences principales et 15 résidences secondaires.
Des maisons anciennes, des rénovations par des néo-ruraux, mais aussi 10 logements vacants qui interrogent sur l’avenir du bâti.
💼 Un bassin économique modeste
26 emplois sur la commune, répartis entre 17 salariés et 9 non-salariés.
Un territoire où l’activité locale repose sur quelques emplois, avec une majorité d’actifs travaillant à l’extérieur.
Le pont du Sornin, une infrastructure plusieurs fois reconstruite
Avant 1700, le pont existait déjà, mais il a été gravement endommagé par des crues violentes.
En 1709, l’entrepreneur Pierre Simon Lapierre décrit des arcades renversées jusqu’aux fondations.
En 1744, une nouvelle crue emporte deux arches, nécessitant d’importants travaux.
En 1820, de nouveaux dommages obligent encore une restauration.
Aujourd’hui, le pont de quatre arches en pierre est toujours là, reliant Châteauneuf à Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, et rappelant combien l’eau façonne les territoires… et leur histoire.
Traversée du pont du Sorlin
Un passé féodal et révolutionnaire
Châteauneuf fut autrefois une châtellerie intégrée au bailliage de Mâcon. Un statut féodal qui témoigne de son importance stratégique au sein du Brionnais.
Comme beaucoup de communes, Châteauneuf n’a pas échappé aux transformations de la Révolution française. Pendant un temps, la commune s’est appelée Pont-sur-Sornin, en référence à un de ses éléments structurants qu’est sa rivière.
Châteauneuf, un micro-territoire qui pose de grandes questions
Avec moins de 100 habitants, un habitat dispersé et une démographie en déclin, Châteauneuf est un exemple parfait des défis que rencontrent de nombreuses petites communes rurales en France :
Comment maintenir une dynamique locale dans un cadre aussi peu dense ?
Quel avenir pour les logements vacants et le bâti ancien ?
Peut-on développer un modèle économique et touristique qui attire de nouveaux habitants sans dénaturer l’identité du lieu ?
Les villages comme Châteauneuf ne sont pas voués à disparaître, mais ils doivent sans cesse se réinventer. Entre initiatives locales, préservation du patrimoine et nouvelles formes de ruralité, l’avenir de ces territoires est encore à écrire… et pourquoi pas par une nouvelle génération ?
Les plus petits villages de Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes
Châteauneuf n’est pas la seule commune à faire rimer petite taille avec grande histoire. Saviez-vous que les trois plus petits villages de Bourgogne-Franche-Comté sont :
1 Charmes-Saint-Valbert (70 habitants, Haute-Saône)
2 Menoux (74 habitants, Haute-Saône)
3 Bussières (79 habitants, Haute-Saône)Et en Auvergne-Rhône-Alpes ?
1 Rochefourchat (1 habitant, Drôme) — record national !
2 Baren (3 habitants, Haute-Garonne)
3 Sajas (6 habitants, Haute-Garonne)
➡️ Ces villages, souvent méconnus, sont pourtant des trésors de patrimoine et de mémoire collective.
Que faudrait-il pour que ces micro-communes deviennent des lieux attractifs pour les jeunes générations ? Nous attendons vos commentaires !
Aujourd’hui, l’Auberge de la Croix Blanche est à un tournant de son histoire. Après des années de silence, un collectif engagé a décidé de lui offrir une nouvelle vie, en alliant respect du patrimoine et ouverture vers l’avenir.
Un projet ambitieux qui vise à transformer ce lieu emblématique en un pôle vivant que nous découvrirons dans notre prochaine newsletter, la semaine prochaine.
D’ici là, engageons-nous pour nos villages ! L’histoire de l’Auberge de la Croix Blanche nous rappelle à quel point les territoires ruraux sont riches d’histoires et de potentiel.
👉 Soyons attentifs aux villages et petits bourgs : ils sont remplis de lieux à réinventer, de savoir-faire à transmettre et d’initiatives inspirantes à soutenir.
Envie de contribuer ? Partagez cette newsletter autour de vous et faites connaître ces projets qui donnent un avenir au passé !
#InnovationRurale #PatrimoineVivant #BrionnaisCharolais #TerritoiresVivants #DéveloppementLocal