Nous nous retrouvons encore une fois sur les Hauts-Plateaux du Vercors, un joyau naturel partagé entre la Drôme et l’Isère. Avec ses panoramas à couper le souffle, ses gorges profondes et ses cirques remarquables, le Vercors offre un espace nordique aux multiples facettes. Ce domaine, riche de 140 km de pistes, est accessible depuis trois portes d’entrée : Bois Barbu à Villard-de-Lans, Corrençon-en-Vercors côté Isère, et Herbouilly à Saint-Martin-en-Vercors côté Drôme.
Mais derrière l’image carte postale, un bouleversement est en cours sur ces Hauts-Plateaux. Confrontés au changement climatique, ces espaces nordiques, n’ont pas d’autres choix que de s’adapter, vite, durablement et intelligemment.
Francis Rey©
Temps de lecture : environ 6 minutes
Un territoire d’exception entre Drôme et Isère
Les Hauts-Plateaux du Vercors sont aussi le lieu d’une activité sportive et touristique importante avec un domaine nordique qui compte trois portes d’entrée et quelque 140 km de pistes.
Que l’on se positionne depuis Bois Barbu à Villard-de-Lans, les Hauts-Plateaux pour Corrençon-en-Vercors coté Isère ou d’Herbouilly à Saint-Martin-en-Vercors coté Drôme, les enjeux climatiques, environnementaux et sociétaux sont sensiblement les mêmes : contraint par le changement climatique, l’espace nordique du Haut-Vercors doit, s’il souhaite perdurer économiquement, envisager de nouvelles alternatives à la neige.
Parce que ce lieu est un atout majeur pour faire vivre les territoires en offrant du travail à ceux qui y vivent, les Départements de la Drôme et de l’Isère abordent ses changements sous des prismes quelque peu différents : soutien au développement du tourisme et de la montagne à l’année par le subventionnement ou le co-financement de projets structurants pour le Département de l’Isère, « Plan montagne 2022-2027 » pour la Drôme, sont les réponses envisagées aux nouveaux défis auxquels la montagne est confrontée.
Saviez-vous que les Hauts-Plateaux abritent
la plus grande Réserve naturelle de France métropolitaine ?
Un espace protégé de 17 030 hectares, sans habitation permanente ni route, géré par le Parc naturel régional du Vercors.
Quel Vercors pour demain en Isère ?
Au programme, 70 000 € d’aides ont été attribuées depuis 2018 par le Département de l’Isère. L’objectif ? Entretenir et accueillir des publics scolaires sur les sites nordiques des stations Corrençon-Villard de Lans. Et d’autres actions fortes autour du « Vercors de demain » viennent renforcer la volonté du Département à organiser la montagne du futur. Dans ce contexte d’évolution du climat, il s’engage auprès de ceux qui font vivre le territoire. L’exemple du soutien qu’il apporte à la Communauté de communes du Massif du Vercors et les communes qui la composent est édifiant. Inscrits dans le long terme pour le territoire, les projets structurants subventionnés tendent vers un développement de l’offre tout au long de l’année : financée à 50% par le Département, une étude lancée par la Communauté de communes va évaluer l’offre Outdoor la plus pertinente pour le territoire. Un projet qui envisage ainsi la perspective de la requalification du pas de tir de l'Espace Biathlon Ski roue du Vercors et de celle du Pas de Tir Biathlon quatre saisons. Ces évolutions devraient de fait favoriser la pérennité de l’activité économique au cœur de sites tout droit sortis des romans de Jack London.
Objectif : pérenniser l’activité économique au cœur de sites naturels exceptionnels.
Drôme : un plan ambitieux pour des stations résilientes
Coté Drôme, la montagne s’organise aussi ! Nous en avons déjà parlé dans une précédente newsletter mais allons voir un peu plus en détail.
Avec plus de 200 000 visiteurs annuels, appréciées par un public familial, d’amateurs ou de sportifs éclairés, les stations drômoises représentent la 3e destination touristique du Département. Leur devenir a été approuvé conjointement en juin 2022, par l’Assemblée générale du Département de la Drôme et sa Présidente, Marie-Pierre Mouton ainsi que par le conseil d’administration de l’EPIC Stations de la Drôme.
Un projet ambitieux de 15 M€ issu d’une concertation de plus d’une année. Au total, 550 personnes se sont retrouvées lors des 70 réunions organisées sur le territoire : habitants, socio-pro, techniciens, élus, se sont tous impliqués pour envisager un avenir serein. Et pour avoir une vision précise de l’évolution climatique sur les sites concernés, des études techniques ont également été menées. Un travail minutieux qui a permis de définir de nombreux enjeux et quatre axes stratégiques.
Objectif 2030 : réduire la part des activités neige de 73 % à 58 %.
Cyril Crespeau©
Des activités liées à la neige en pleine évolution
Mais sans recourir à la neige de culture, est-ce pertinent et envisageable sur le long terme ?
« Pour les stations les plus en altitude, nous continuons de valoriser la neige et les activités qui y sont liées notamment pour le Col de Rousset, Font-d’Urle et Herbouilly, les sites les mieux exposés », confie Christian Morin, Président des Stations de la Drôme.
Trop compliqué techniquement à mettre en place en raison du manque d’eau et d’une configuration géographique qui ne s’y prête pas, d’autres alternatives sont envisageables à la neige de culture.
Le « Plan montagne » prévoit ainsi l’installation de barrières à neige ; cela permettra de favoriser le stockage naturel de la neige par la formation de congères. Une option couplée à un programme de zones boisées permettant de retenir l’or blanc durablement.
« Nous pouvons avoir une différence d’enneigement de plusieurs semaines entre un secteur boisé et non boisé. Le vent est très pénalisant sur les plateaux car il « balaye » très fortement la neige. En créant ces zones boisées, brises vent, le dépôt de la neige est facilité ainsi que sa conservation par effet d’ombrage », développe Cédric Fermond, Directeur des Stations de la Drôme.
Pour autant, si ce plan stratégique augure des améliorations et progrès notables pour des stations qui pourront s’affranchir des saisons, il ne néglige en rien l’aspect humain.
Améliorer les services et le parcours client
A l’heure d’internet et du digital, il apparait donc primordial aux Stations de la Drôme d’en améliorer les outils et les services pour rendre leur accessibilité la plus optimale possible : refonte du site internet, billetterie électronique en ligne, packages de prestations « tout en un », rénovation de la signalétique sur les sites…
« L’évolution du parcours client prend aussi en compte les bilans carbones et la mise en œuvre des éco-engagements du Domaine skiable de France (DSF). Nous affichons une réelle ambition sur l’intégration environnementale et climatique », confie le Directeur.
Et si le client est « ROI », le personnel est, lui, au centre du dernier axe de ce projet.
L’organisation humaines et matérielles doit être consolidée
Avec 100 à 120 employés dont une centaine de saisonniers l’hiver et une cinquantaine en saison estivale, l’humain affiche une part non négligeable dans le développement de ce plan stratégique.
Le Directeur de l’EPIC confirme « qu’il est important de consolider et fiabiliser les équipes de permanents tout en repensant l’accueil des saisonniers. Question cruciale, l’hébergement doit se réinventer ; la transformation de bâtiments Départementaux en site d’hébergement saisonnier est une option. Parallèlement, notre projet repose sur des investissements importants pour, d’une part, la rénovation du télésiège du Col de Rousset qui permettra de le maintenir en état de marche encore 15 ans et, d’autre part, le renouvellement de notre parc de dameuses ».
Un parc ancien et vétuste qui connait une réelle refonte : de 15 dameuses, le parc en contiendra 9 mais de façon totalement optimisée au niveau de la polyvalence des machines et de leur capacité à travailler avec un minimum de neige.
« Cette nouvelle approche et ses investissements sont un signe fort qui indique que nous ne lâchons pas la neige », confirme le Président de l’EPIC.
Chiffres clés des montagnes drômoises
15 M€ pour le plan stratégique 2022-2027, dont 5,44 M€ d’investissement du Département.
1,23 M€ pour l’amélioration des domaines skiables.
1,13 M€ pour le développement des activités de diversification.
920 000 € pour l’amélioration de l’accueil au stade de biathlon Raphaël Poirée.
660 000 € pour la sécurisation et la rénovation du télésiège du Col de Rousset.
2,773 M€ d’investissements portés par l’EPIC des Stations de la Drôme.
465 000 € / Modernisation des services et diversification des activités.
1,5 M € / Renouvellement des véhicules et engins de déneigement (motoneiges, quads, dameuses...)
800 000 € / Investissements récurrents
Des investissements significatifs pour une montagne résiliente et attractive.
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🔜 À venir : l’auberge-refuge de Roybon au cœur d’Herbouilly
La semaine prochaine, nous vous emmènerons à la découverte de l’auberge-refuge Roybon, unique sur un site naturel d’exception, plantée au cœur de l’espace nordique d’Herbouilly. Lieu incontournable pour se réchauffer en hiver, reprendre des forces, passer la nuit ou tout simplement se détendre, cette auberge-refuge incarne l’histoire et l’âme du Vercors.
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Merci Chrystel Bresson pour cet article