Mushing sur les Hauts-Plateaux du Vercors
Une activité à la croisée des transitions touristiques, culturelles et climatiques
Cette semaine, nous prenons la direction des Hauts-Plateaux du Vercors, dans la Drôme, pour explorer une activité emblématique des montagnes enneigées : le mushing ou chien de traîneau.
Si cette pratique est traditionnellement hivernale, les mushers développent des offres estivales, qui permettent aussi de pallier le manque de neige en hiver. Un bel exemple de diversification touristique et d’adaptation climatique, ancré dans un territoire d’exception.
Rencontre avec Maxime Allard, Président de l’association Traîneau Vercors Drôme.
Lionel Crespeau©
Temps de lecture : environ 3 minutes
Le mushing, véritable patrimoine culturel vivant
Lieu de nombreux fantasmes liés aux espaces du Grand Nord canadien, émaillé de montagnes vertigineuses, de prairies et d’espaces prodigieux, les Hauts-Plateaux du Vercors s’offrent à vous. Plus grand territoire de chiens de traîneaux d’Europe du Sud, le domaine nordique du Vercors, sur son versant sud, offre des centaines de kilomètres de pistes.
De Vassieux-en-Vercors à Font d’Urle en passant par Ambel, le domaine est prompt à accueillir une communauté bien ancrée sur le territoire. Celle des mushers. Ils pratiquent ici leur activité depuis les années 60.
Compagnon de Paul-Émile Victor, c’est Gérald Taylor, ingénieur anglais, qui en 1960, en a ouvert la voie. Cette année-là, les Hauts-Plateaux du Vercors sont les témoins d’une traversée hivernale inédite avec chiens nordiques. Elle donnera naissance, sous l’impulsion de l’anthropologue, à la première association de protection des Hauts-Plateaux du Vercors, annonciatrice de la création, en 1985, de la plus grande Réserve naturelle de France.
Peu à peu, les plus téméraires, toujours accompagnés de leurs chiens, profitent des atouts d’une terre froide et sauvage. C’est ici que François Varigas, premier homme à découvrir le cercle polaire arctique, s’entraîne en 1980 pour sa traversée d’est en ouest du Canada.
Parce que ces hommes ont ouvert une brèche, la pratique du chien de traîneau s’est, toute mesure gardée, intensifiée. Au point d’en être devenue une activité professionnelle à part entière dans les années 80 : précurseur de la conduite d’attelage, Jack Gaspard en a imaginé une activité touristique.
Elle bénéficie encore aujourd’hui d’un espace naturel privilégié, d’un cadre de travail approprié et d’une conjoncture, bien que touchée par les changements climatiques, prospère.
Et vous, connaissez-vous d’autres territoires où l’on pratique le mushing ?
Un métier intrinsèquement lié à la neige ?
« L’implantation de mushers dans le nord ou l’ouest de la France a fait évoluer la profession vers des activités hors neige », explique Maxime Allard, musher et Président de l’association Traîneau Vercors Drôme.
Dans le Vercors, un certain nombre de mushers s’en sont inspirés. Ils ont investi dans du matériel — quads motorisés et non motorisés — pour les entraînements, la préparation physique. Aujourd’hui, l’activité sur la saison hivernale représente encore le plus fort pourcentage du chiffre d’affaires du secteur soit 400 à 500 000 € répartis sur une dizaine de mushers, adhérents en grande partie à l’association.
Mais l’activité estivale, actuellement entre 15 et 20 % du chiffre d’affaires, est appelée à croître.
Kart, cani-rando, trottinette, VTT, traîneau à roues : les offres se diversifient pour s’adapter aux saisons, aux températures et à l’enneigement.
Si le plateau, situé à une altitude encore favorable, est moins touché que d'autres espaces, les hivers y sont aujourd’hui moins longs et moins froids. La transition est bien en cours.
Une profession clé bien implantée dans le développement local
« En 2013, les Stations de la Drôme ont demandé aux mushers de se mettre en association pour avoir un discours commun », poursuit Maxime Allard.
Depuis, l’association Traîneau Vercors Drôme joue un rôle structurant dans le développement économique local. Une association porteuse d’une véritable dynamique sous l’impulsion d’un travail collaboratif enrichissant qui offre aux mushers une place à part entière.
« Le mushing, considéré comme un patrimoine culturel vivant, est paradoxalement interdit sur les Hauts-Plateaux depuis la création de la Réserve », confie Maxime Allard.
Cette interdiction a ainsi transformé les pratiques et « s’il était possible de partir en itinérance avec les chiens sur les Hauts-Plateaux durant 4 à 6 jours il y a quelques années, les circuits sont aujourd’hui bien plus courts ». Fini les grandes itinérances, place à des sorties plus courtes, baptêmes ou initiations à la demi-journée.
Pour autant, le cœur du métier ne change pas :
« Nous passons plus de temps, durant toute une année, à être avec nos chiens, à les entretenir, à les entraîner qu’en activité avec des clients ; et c’est bien là le cœur de notre métier et la force d’ancrage que nous avons sur ce territoire. »
A retenir : le mushing dans le Vercors, c’est…
✅ Une activité culturelle et historique qui façonne l’identité du territoire
✅ Une capacité d’adaptation remarquable face au changement climatique
✅ Une offre 4 saisons en développement
✅ Une profession structurée et intégrée aux dynamiques locales
Vous voulez faire du chien de traîneau ou d'autres activités avec des mushers dans le Vercors ?Rendez-vous sur 👉maxcimes.fr
Vous aimez découvrir ces initiatives inspirantes dans les territoires ruraux ?
Abonnez-vous à la newsletter
Partagez cette newsletter autour de vous : un territoire se construit aussi par la connaissance et les liens que nous tissons.
La semaine prochaine, Oh ! Des territoires vivants reste dans les Stations de la Drôme, direction Herbouilly. Entre tourisme quatre saisons et accueil de proximité, je vous emmène à l’Auberge-refuge Roybon, implantée au cœur du domaine nordique, dans une dynamique de résilience et d’hospitalité.